Le positif attire le positif. On observe que des personnes handicapées suffisamment ouvertes et avenantes ne subissent que très peu de phénomènes d’exclusion, alors que d’autres, plus en difficulté à s’intégrer dans un milieu ordinaire,  souffrent de ce qu’elles considèrent – parfois à juste titre – comme des discriminations. Les criminologues vous expliqueront qu’il y a des profils type de victimes, quelque chose de particulier qui émane d’elles et qui les désigne à leur bourreau potentiel !

En un mot, si vous êtes bien dans votre peau – handicapé ou non – votre attitude positive a toutes les chances de créer des liens spontanés où les différences des uns et des autres s’estompent naturellement.

Tout est une question de personne. Il nous semble hasardeux de jeter en pâture chaque problème lié au handicap dans l’arène d’une certaine forme de communautarisme : brandir l’étendard de l’handiphobie au moindre incident, c’est faire le jeu d’éléments incontrôlés en recherche de victimes expiatoires.

On vous regarde dans la rue ? Cela ne vous arrive jamais d’avoir votre attention attirée par une personne qui se distingue de la masse ? Que celle-ci boîte ou soit mal vêtue, elle éveille votre curiosité instinctive parce qu’elle sort de la norme.

Si le regard se fait insistant, il est nécessaire d’en comprendre les raisons avant d’adopter une attitude défensive. Suis-je prêt à accueillir ce regard, avec ses peurs et ses attentes, à nouer un dialogue ? Est-ce que je me sens bien dans ma peau ou au contraire, tellement mal, qu’on semble ne remarquer que moi ?

                                                                                            

 

Dans cet échange relationnel, le miroir est à deux faces : la personne valide, en me regardant, perçoit un devenir potentiel. Elle me renvoie l’image d’un « corps complet » qui me ramène à mon handicap.

La tentation est grande du repli sur soi, du sentiment de n’être compris et accepté que par ceux qui me ressemblent. Ces gens qui m'observent avec insistance, je dois tenter d’aller vers eux, leur donner une chance de parcourir ce chemin qui mène jusqu’à moi.

C'est ainsi que par de simples échanges impromptus, les regards et les mentalités évolueront.

Texte extrait de l'ouvrage Handicap, un challenge au quotidien, Cesarina Moresi,  Philippe Barraqué, éditions Jouvence, 2007, ISBN 978-2-88353-572-5 - Tous droits de traduction, reproduction et adaptation réservés pour tous pays.